[Tribune] Guillaume Peltier et Arash Derambarsh contre le gaspillage alimentaire

Tribune

Notre appel à Emmanuel Macron : interdisons le gaspillage alimentaire des grandes surfaces et aidons les 10 millions de pauvres en France !

Certes, depuis mes Trente Glorieuses, notre modèle économique nous a permis de rebâtir, sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale, un pays prospère, et aussi chassé le spectre de la pénurie et de la famine, progrès inestimable. Seulement, avec le productivisme et la consommation de masse, de nouvelles problématiques, sociales, écologiques et éthiques ont surgi ; le gaspillage alimentaire en est une des illustrations les plus criantes. Face à cela, nous ne pouvons plus détourner le regard.

Non, nous ne pouvons plus détourner le regard quand l’abondance alimentaire pour les uns cohabite aux côtés de la faim pour les autres. Alors que la France et l’Europe sont caractérisées par la surproduction agricole, près d’un Européen sur dix déclare ne pas pouvoir faire plus d’un repas de qualité tous les deux jours. A l’échelle mondiale, la famine fait 25.000 victimes par jour. Chez nous, la crise sanitaire conduit à l’explosion de la pauvreté : le Secours Catholique nous a lancé un cri d’alarme : la France franchira cette année la barre des 10 millions de pauvres. Quelle part d’humanité reste-t-il en nous, si nous nous habituons au pire ?

Non, nous ne pouvons plus détourner le regard quand l’urgence écologique pèse désormais, telle une épée de Damoclès, sur la tête des générations futures. A quoi bon la course au productivisme si nous gaspillons autant que ce que nous produisons ? En France et en Europe, près de 20% de la production alimentaire est jetée à la poubelle.

Non, nous ne pouvons plus détourner le regard quand nous basculons vers une société de l’éphémère, du gaspillage et du jetable.

Ce système est à bout souffle. N’ajoutons pas notre civilisation à la longue liste de celles qui se sont effondrées sous le poids de leurs propres déséquilibres. Faisons plutôt le pari audacieux d’un nouvel idéal : celui d’une France durable, harmonieuse et soucieuse du sort des plus fragiles. Et pourquoi ne pas engager cette révolution par le besoin le plus primaire de l’homme, manger à sa faim ?

Fidèle à sa vocation universelle, la France est pionnière dans ce grand combat contre le gaspillage alimentaire. Notre arsenal juridique en la matière, voté en 2016 puis étoffé au fil des années, est aujourd’hui un des plus avancés au monde.

Désormais, à l’initiative d’Arash Derambarsh (lauréat du Prix Win Win, équivalent du Nobel pour le développement durable), les grandes surfaces, ainsi que d’autres acteurs, ont l’interdiction formelle de jeter ou de détruire de la nourriture, sous peine de sanctions financières, et doivent la redistribuer à des associations caritatives. Quelques petites années auront suffit pour dresser un bilan flatteur, qui ne fait que des gagnants : les grandes surfaces font des économies en stocks et en déchets, les associations récupèrent bien davantage de nourriture, et les plus modestes bénéficient de millions de repas supplémentaires. Preuve, une fois de plus, que le prétendu clivage entre l’humain et l’économie a vocation à être dépassé. Plus concrètement, les denrées alimentaires collectées sont passées de 36 000 tonnes à 46 000 tonnes en 2 ans selon les chiffres de la banque alimentaire soit une augmentation de près de 28% grâce à la loi.

Oui, ce dispositif juridique est un progrès incontestable ; mais de nouvelles pierres restent à poser pour en achever l’édifice.

Actuellement, les lois contre le gaspillage alimentaire ne s’appliquent qu’aux commerces d’alimentation générale de plus de 400 mètres carrés, soit seulement un tiers du total d’entre eux. Par ailleurs, les sanctions financières prévues en cas de manquement sont de l’ordre du symbole, au regard des bénéfices de la grande distribution. Surtout, ces lois restent cantonnées au cadre de nos frontières nationales.

C’est pourquoi, nous lançons un appel au Président de la République pour qu’il soutienne et fasse voter par sa majorité notre nouvelle proposition de loi à l’Assemblée nationale, pour renforcer la lutte contre le gaspillage alimentaire et contre la pauvreté.

Celle-ci vise à consacrer trois améliorations :

  • Abaisser le seuil d’application de la loi aux commerces alimentaires d’au moins 100 mètres carrés, afin d’y inclure plus de 5.000 points de vente supplémentaires ;
  • Transformer la contravention de 5ème classe en amende de 20.000 euros, pour les commerces qui jetteraient de la nourriture,
  • Doubler l’amende prévue pour ceux qui rendraient leurs invendus impropres à la consommation.

Parallèlement, nous déposons une proposition de résolution européenne, afin que notre dispositif de lutte contre le gaspillage alimentaire soit étendu dans toute l’Union Européenne. En Europe, plus de 80 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et chaque supermarché jette plus de 40 kilos de nourriture par soir. La pétition européenne sur ce sujet, soutenue par le Programme Alimentaire mondiale des Nations Unies, la Croix Rouge et Action contre la faim, a dépassé les 1,6 million de signatures.

L’année 2020 est celle du général de Gaulle ; alors soyons à la hauteur de notre filiation gaulliste et de nos idéaux de justice sociale. Surtout, souvenons-nous du message intemporel et universel de l’homme du 18 juin : « la seule querelle qui vaille est celle de l’homme. C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, de faire vivre et de développer ».

Nous demandons ainsi solennellement et avec gravité à Emmanuel Macron d’engager la France et l’Europe dans un plan inédit de lutte contre la pauvreté. Maintenant. Les quelque 10 millions de Français pauvres nous regardent et attendent de nous des actes forts et concrets : il en va de la noblesse de notre engagement public.

Guillaume PELTIER,

Député de Loir-et-Cher,

Vice-président délégué des Républicains

Arash DERAMBARSH,

Adjoint au maire de Courbevoie

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