« J’ai longtemps hésité à écrire ce livre. Cela me paraissait prétentieux tant je respecte les écrivains. Je me suis convaincu de devenir un modeste auteur, parce qu’en ces temps troublés des défaites de la droite, de la pensée comme de la France, où l’immédiateté – à laquelle j’ai trop souvent cédé – écrase et humilie la patience de la réflexion, il fallait répondre autrement. J’ai donc décidé de prendre le temps, de prendre mon temps et de me contraindre à une introspection, à une remise en cause, à une prise de hauteur que seul l’écrit autorise. J’ai voulu raconter ma petite histoire, celle d’un jeune Français né au début de la grande crise de ma génération, d’un jeune Français issu des classes moyennes, d’un jeune Français amoureux de son pays, ambitieux de son redressement, révolté de ses injustices et optimiste de sa renaissance. J’ai voulu raconter mes échecs, mes épreuves, mes colères et présenter des solutions, car elles existent.
J’ai longtemps hésité pour le titre de l’ouvrage. On le veut long, on le veut court, on le veut bavard, on le veut poétique, on le veut simple, on le veut original, on le veut unique, on le veut subtil, on veut tout dire, on s’égare, on oublie, on recommence, on écrit, on raie, on s’enthousiasme, on s’agace et puis on se fixe. Parmi tant d’autres, j’ai choisi Milieu de cordée.
Parce que c’est mon histoire, parce que c’est mon identité politique. Parce que la cordée fait appel au cœur, à ce qui accorde, rassemble et fédère. Parce qu’en montagne la cordée permet aux uns de rester en vie grâce aux autres. Parce que c’est un mot qui relie et que nous avons tant besoin de réconciliation. Parce que ce titre fait aussi écho à cette magnifique philosophie antique du mésos grec, le fameux « juste milieu », audacieuse recherche de l’équilibre que j’ai trop longtemps négligée et qui fonde mon engagement politique, mûri avec les années. Parce que, surtout, le grand défi qui vient sera de rétablir l’idéal de justice. La France meurt d’être devenue injuste. Les « premiers de cordée» semblent trop souvent tout confisquer, et les « derniers de cordée » bénéficier de trop de largesses sociales sans contrepartie. Entre les deux, les «milieux de cordée» ne sont jamais défendus. Là est mon combat: les classes moyennes, toujours trop riches pour être aidées, toujours trop pauvres pour être aisées. Soixante-dix pour cent des Français qui n’en peuvent plus de n’être jamais récompensés de leurs efforts.
Une certaine droite a voulu préserver les privilèges de quelques-uns. Une certaine gauche a souhaité protéger l’assistanat de quelques autres. Il est donc temps que se lève un grand mouvement populaire pour promouvoir et défendre la majorité, cette France du milieu, les milieux de cordée devenus les premiers de corvée, cette France pas assez riche pour être défendue, pas assez pauvre pour être soutenue.
(…)
Il s’agit de rétablir un idéal de justice et d’égalité des chances. Donc de réconciliation nationale.
Je soutiens les hommes fortunés quand leur fortune est le fruit de leur travail. Je soutiens les hommes démunis quand ils s’accrochent pour s’en sortir. Je soutiens les accidentés de la vie qui méritent notre solidarité totale. Mais je suis en colère de voir tant de Français faire des efforts et être si mal récompensés. Car la France s’épuise des rentes, des privilèges et d’un système d’assistanat à bout de souffle. Pour réconcilier, il faut cette révolution tranquille de la justice et de la récompense de l’effort.
Les injustices sont en train de tout détruire et de désespérer la grande majorité de nos compatriotes. Ces injustices, je les ai côtoyées, je les ai vécues, je les ai ressenties tout au long de mon parcours. Injustice économique et sociale, injustice territoriale, injustice régalienne, soit les plus grands maux dont souffre notre pays aujourd’hui.
Puisant dans ma propre histoire, je veux écrire, graver par ma plume et accrocher, au premier rang, l’étendard des classes moyennes qui ne réclament jamais rien et à qui on demande toujours tout.
Ce sont des travailleurs, des artisans, des entrepreneurs, des retraités, des anciens, des agriculteurs, des fonctionnaires, des jeunes, des immigrés, des salariés, des instituteurs, des gendarmes, des policiers, des infirmiers, des commerçants, des ruraux, des citadins, des locataires, des petits propriétaires. Ce sont des Français oubliés. Que personne n’entend jamais, car ils ne se plaignent jamais.
Je suis l’un des leurs, je suis l’un des vôtres. Alors j’ai décidé de me lever, de m’engager et d’écrire pour vous. Les solutions existent. Elles commandent courage et volonté.
Nous devons dire que le modèle mondialiste des élites, soutenu par les bourgeoisies de droite et de gauche, ne fonctionne pas, car il nous appauvrit socialement, nous divise territorialement et nous fragilise culturellement. Nous devons désormais reconnaître que la France traverse une immense crise existentielle, nous devons donc fédérer les Français de droite, de gauche et d’ailleurs, tous les « milieux de cordée » des deux rives qui s’inquiètent légitimement des trois grands défis du siècle : le mépris de la valeur travail, le jacobinisme parisien et technocratique qui bride nos provinces ; les dangers de l’islam politique.
La vieille droite se trompe en croyant que l’enjeu n’est que culturel. La vieille gauche se perd en se concentrant uniquement sur la question sociale. Emmanuel Macron s’isole en méprisant, à égalité, le sentiment de déclassement social, de désertification territoriale et de dépossession culturelle. Les populistes se discréditent en divisant les Français et en abusant des caricatures.
Nos compatriotes se sont éloignés de la droite et de la gauche, car elles ont commis la folle erreur, chacune, de séparer le culturel et le social. Le regard strictement financier de la droite lui interdit de comprendre le déclassement social. Le regard strictement socialiste de la gauche lui interdit de comprendre la dépossession culturelle. Le regard strictement parisien des vieux partis leur interdit de comprendre la révolte territoriale comme le défi écologique.
(…)
Face à l’argent roi, au capitalisme financier et aux excès de l’assistanat, les Français espèrent le parti de la justice et du travail.
Face au mépris jacobin des élites à l’encontre des territoires, nous devons devenir le parti des provinces, de l’égalité des territoires, de l’écologie positive, donc de l’unité nationale.
Face à l’islam politique, les Français attendent le parti de l’ordre, de la loi et de la laïcité.
(…) »