LE PARISIEN « LR : Guillaume Peltier souhaite se poser en «rassembleur» de la droite »

« Pendant dix ans, la droite s’est enfermée dans une impasse », juge Guillaume Peltier. LP/Philippe de Poulpiquet

S’inspirant des succès de Boris Johnson, le numéro 2 de LR entend réconcilier les classes moyennes avec la droite, étranglée par Emmanuel Macron.

Par Alexandre Sulzer avec Quentin LaurentLe 29 décembre 2019 à 19h48

Il saisit une feuille à carreau et griffonne nerveusement des ronds, des lignes, des abréviations. Ça ressemble à un test de Rorschach (NDLR : dessins servant aux évaluations psychologiques), mais pour Guillaume Peltier, c’est le nouveau paysage politique. Le clivage droite-gauche continue d’exister, mais n’est plus essentiel, estime le numéro 2… de la droite française.

Plusieurs autres clivages se superposent, mais celui auquel le vice-président délégué de LR tient le plus, c’est celui qui oppose les « premiers de cordée », clients d’Emmanuel Macron, aux « derniers de cordée », friands de Marine Le Pen. La métaphore alpine lui permet de créer un concept dont il est si fier qu’il en a fait le titre de son livre, paru en octobre : « milieu de cordée ».

Ces classes moyennes — dont lui-même est issu, comme il ne cesse de le rappeler — obsèdent Guillaume Peltier. Ce sont elles, martèle le député du Loir-et-Cher, que la droite doit reconquérir. Il rappelle qu’en 1995, Chirac gagne sur la « fracture sociale »; qu’en 2007, Sarkozy l’emporte avec son « travailler plus pour gagner plus ». « Le regard strictement financier de la droite lui interdit de comprendre le déclassement social », attaque-t-il dans son livre, ciblant notamment la campagne de François Fillon.

«La droite s’est enfermée dans une impasse»

Quand Macron préempte le libéralisme, ne reste-t-il pas à la droite que ce créneau social ? « Pour moi, répond le vice-président délégué de LR, c’est une conviction… doublée d’une opportunité électorale. » A l’entendre, la position de son parti sur le travail devrait être simple. « Ni finance ni assistanat », clame-t-il, avec des accents qui empruntent aussi bien à François Hollande qu’à Laurent Wauquiez.

L’ancien président de LR, parti après le fiasco des Européennes, se voulait pourtant lui aussi le porte-parole des classes moyennes. « Certains pensaient que, pour être populaire, il suffisait de parler d’identité. Pendant dix ans, la droite s’est enfermée dans une impasse », répond Guillaume Peltier.

Lui-même a pourtant longtemps pétri la matière identitaire. En 1996, alors au Front national, il crée Jeunesse Action chrétienté avec Nicolas Bay, aujourd’hui eurodéputé RN, avant de devenir le bras droit de Philippe de Villiers. « Je n’étais pas centriste à 20 ans », reconnaît Guillaume Peltier. Une douce litote qui lui permet de revendiquer « la fierté d’un parcours qui ne fut pas lisse ».

« L’originalité des meilleurs, c’est d’échapper à la pensée unique », dit-il aujourd’hui en citant Nicolas Sarkozy, quitte à paraître immodeste. Guillaume Peltier continue d’échanger régulièrement avec l’ancien président de la République dans son bureau de la rue de Miromesnil : « Il me répète souvent que ce sont les idées qui mènent le monde ».

Message reçu cinq sur cinq. Dans son dernier livre, le député de 43 ans développe neuf idées choc « qui susciteront le débat », prévient-il d’emblée. Pêle-mêle : une « hausse générale des salaires de 20 % » en contrepartie de la suppression de toutes les cotisations salariales et patronales et de la création d’une taxe de 2 % sur les transactions financières, le rétablissement de l’ISF sauf pour les propriétaires immobiliers et les investisseurs dans les PME, la contribution d’un milliard d’euros des sociétés d’autoroute pour entretenir les routes secondaires ou encore la création d’un tribunal climatique international…

Le modèle Boris Johnson

Des propositions ébouriffantes? Guillaume Peltier reconnaît regarder outre-Manche l’exemple de Boris Johnson qui a fait campagne, sur le Brexit certes, mais aussi sur la « justice sociale » et le « renoncement à l’austérité ». Le Premier ministre, appuie-t-il, a fait passer le parti conservateur de 9,09 % aux Européennes de mai à 43,5 % aux législatives de décembre.

Reste à savoir si LR suivra. Sur les retraites par exemple, ça n’a pas été le cas. Il faut dire que dans son livre, Guillaume Peltier prône « la création d’un système unique de retraite par points », à l’image de la réforme du gouvernement ! « Au moment de la sortie de son bouquin, il s’est un peu fait chahuter par les collègues », glisse un député, membre de la direction LR. L’aile libérale du parti s’en méfie. « Peltier, c’est la droite Mélenchon. La grille de la droite n’est pas d’être contre l’esprit d’initiative », attaque Othman Nasrou, le chef de file de la droite au conseil régional d’Ile-de-France. « Il cherche à séduire l’électorat populaire, mais il faut faire attention à ne pas s’aliéner les autres », prévient l’ancienne secrétaire générale de LR, Annie Genevard.

« Mon parcours peut laisser croire que je suis clivant, mon caractère démontre le contraire », réplique Guillaume Peltier qui dit avoir déjeuné récemment avec les libéraux Eric Woerth et Bruno Retailleau. Celui qui se présentait encore comme « l’anti-système » en juin, quand il hésitait à affronter Christian Jacob dans l’élection interne, aime désormais se poser en « rassembleur ». Il se félicite d’avoir l’oreille de Jean-Louis Borloo comme de Xavier Bertrand. François Baroin, qui refusait de lui parler il y a cinq ans, n’est-il pas venu en personne le soutenir aux législatives? Cette semaine, Guillaume Peltier a rencontré Jean-Pierre Chevènement à qui il a parlé de politique industrielle. « Le macronisme efface beaucoup de nos différences », justifie-t-il. En janvier, il doit voir Nicolas Hulot qui, dit-il, l’a contacté pour parler de sa proposition de taxe sur les transactions financières.

Éclectique et incontournable au point de songer à l’Elysée ? « Ça serait au-delà de la prétention, pour moi ou pour quiconque dans ma famille politique », répond-il, lucide sur l’état de la droite. « Maire […], député de la nation, ce n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un début », écrit-il pourtant dans son livre. Même quand l’air est rare et que l’on est milieu de cordée, on peut rêver d’ascension.

source : journal Le Parisien

http://www.leparisien.fr/politique/les-republicains-guillaume-peltier-souhaite-se-poser-en-rassembleur-de-la-droite-29-12-2019-8225904.php

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